Le monde de l'aviation civile
Le monde de l'aviation est constitué de l'ensemble des éléments (acteurs, processus, services, fonctions, etc.) contribuant à transporter un passager (ou plusieurs, voire des marchandises) d'un point A à un point B, par la voie aérienne.
Le véhicule est un élément central et essentiel mais il est loin d'être le seul. Il est entouré de nombreux autres qui font du système du transport aérien un ensemble complexe de systèmes très variés, ayant chacun des caractéristiques propres, mais qui interagissent entre eux de manière à atteindre un très haut niveau de sécurité et une performance opérationnelle optimale.
Comme le montre l'image intitulée "Monde de l'aviation civile", les principaux éléments ou acteurs constituant ce monde sont :
Les aéroports,
Les prestataires de services sur les aéroports,
Les compagnies aériennes,
Les prestataires de services de la navigation aérienne (Air Trafic Management / Control : ATM/ATC),
Les moyens de radionavigation,
Les centres de maintenance,
Les personnels navigant techniques (PNT= Pilotes) et les personnels navigant commerciaux (PNC = hôtesses et stewards)
Les services de la sûreté,
Les constructeurs aéronautiques ,
Les centres de recherche,
etc.
Chacun répond à un besoin opérationnel et constitue un maillon de la chaîne de sécurité qui est réglementée et surveillée par des autorités de l'aviation civile (la FAA aux USA, l'EASA en Europe ou encore la CAAC en Chine par exemple).
Au cœur de ce monde se trouve le véhicule volant ou aéronef : l'avion ou l'hélicoptère par exemple.
« Mais au fait ! c'est quoi un aéronef ? »
Nous le verrons en détail un peu plus tard....
En attendant, développons un peu plus le rôle de certains d'entre eux.
Remarque : Et les passagers ?
« Attendez ! ! ! Vous avez oublié des "acteurs" très importants : les passagers ! »
Effectivement, le passager dans le monde de l'aviation civile est un peu comme le nez au milieu de la figure... central et essentiel ! Et vous avez tout à fait raison, le passager (ou le voyageur) et son déplacement constituent la raison d'être du système du transport aérien. Cependant, fait-il partie du système ou bien l'utilise-t-il ? ? ? ?
Je vous vois hésiter...
Je dois avouer que nous avons déjà eu de nombreux échanges sur cette question. Finalement, nous avons plutôt opté pour la deuxième perspective. En effet, nous avons considéré que les voyageurs ou passagers existaient bien avant que le transport aérien ne soit inventé. Ils se déplaçaient alors à pied, en voiture, en train ou en bateau (ce qui prend, certes, beaucoup plus de temps qu'en avion en particulier pour de longs voyages)... Il ne fait donc pas partie du système mais l'utilise.
D'ailleurs, pour la suite, nous considérons principalement les différents acteurs au travers du prisme du transport commercial de passagers, c'est à dire que l'on se place dans la peau d'un passager voyageant par exemple sur un vol international...
Les aéroports
Ils incarnent le passage du monde terrestre au monde de l'aérien (et vice et versa !) et ont donc 2 faces bien distinctes :
celle côté "ville", où l'on retrouvera l'ensemble des infrastructures permettant au passager d'accéder à l'aéroport, comme les axes de transport routiers ou ferroviaires, mais aussi les parkings ou les gares. Elle offre aussi un ensemble de services pour les personnes ne souhaitant pas particulièrement prendre l'avion. C'est pourquoi on peut y trouver par exemple des magasins, des restaurants, des hôtels, des salles de réunions...
celle côté "piste", où l'on retrouvera bien entendu les pistes (ou "runways") et les voies permettant d'y accéder (que l'on appelle aussi les "taxiways"), les parking pour les avions, etc...
« C'est facile ! Côté "piste", il y a les avions et côté "ville", les voitures ! »
En effet, on peut résumer la situation de cette manière. Mais attention, car si côté "ville", il n'y a effectivement pas d'avion, on trouve par contre côté "piste" de nombreux véhicules autres que les avions :
d'abord, autour des avions au parking pour son ravitaillement en terme :
de carburant,
de nourriture,
de nettoyage,
de chargement des bagages,
etc,
ensuite sur les pistes et les taxiways, il y a des véhicules de services qui sont là par exemple pour inspecter qu'il n'y a pas de débris sur la piste
enfin, sur d'autres voies dédiées aux véhicules "non volant", nous pouvons retrouver des véhicules de transport comme des bus qui acheminent les passagers de l'aérogare vers l'avion pour l'embarquement et en sens inverse pour le débarquement.
« Où se trouve la limite entre ces 2 faces ? Est-ce l'aérogare ? »
L'aérogare constitue effectivement la frontière entre ces 2 faces. Mais même à l'intérieur de l'aérogare, surtout quand celle-ci est de grande dimension, nous pouvons retrouver les 2 faces de l'aéroport à l'intérieur. La limite entre elles se situe alors au niveau du filtre "sûreté".
Avant ce filtre, tout le monde peut se déplacer en toute liberté, les familles et les amis peuvent accompagner les passagers et rester avec eux. Nous pouvons considérer que nous sommes encore dans la face "ville".
Par contre, derrière ce filtre se trouve une zone que l'on appelle "zone d'embarquement" et qui n'est accessible qu'aux passagers muni d'un billet et aux personnels autorisés par l'aéroport. Dans tous les cas, l'accès à cette zone est réglementée et contrôlée. Nous pouvons alors considérer qu'elle fait partie de la face "piste" de l'aéroport.
Complément :
Pour ceux d'entre vous qui souhaitent voir de plus près comment fonctionne un aéroport, je vous propose les vidéos suivantes :
Fonctionnement de l'aéroport de Roissy Charles-De-Gaule en France (Youtube - 56 min) : https://youtu.be/59qiu0LknP42
Fonctionnement de l'aéroport de Hong Kong (Youtube - 45 min) : https://youtu.be/8flh6gntz9c
Du côté "piste" au côté "ville", vu d'un bagage arrivant à Dubaï (Youtube - 5 min 30s) : https://youtu.be/m8n2o3Qx5043
Les prestataires de services sur les aéroports
Comme nous venons de l'indiquer, il y a sur l'aéroport, côté "piste", des véhicules pour assurer par exemple le ravitaillement de l'avion (carburant, nourriture, nettoyage, chargement des bagages, etc.). Ces véhicules et les personnes qui travaillent ne sont pas nécessairement des personnels de l'aéroport ! Ils peuvent travailler pour :
les compagnies aériennes,
des sociétés de restauration (ou de "catering"), sous contrat avec les compagnies aériennes pour fournir à l'avion et son équipage la nourriture et les boissons qui vous seront offertes (ou pas !) pendant le vol,
des fournisseurs de carburant,
etc.
Les compagnies aériennes
Les compagnies aériennes sont au cœur du système du transport aérien puisque
ce sont elles qui offrent le service de transport aux voyageurs. Elles définissent les aéroports qu'elles vont relier, les avions, les horaires, les services
à bord (économie, affaire, première classe, etc.), les prix... pour élaborer une
offre commerciale qui est proposée aux futurs passagers. Elles vendent ensuite les billets (parfois avec des intermédiaires comme les agences de voyage), elles exploitent les avions en préparant les vols puis en les réalisant, elles peuvent proposer des services particuliers au sol dans les aéroports ou par internet, pour le confort, la sécurité et l'information des passagers... On peut citer par exemple les salons pour les passagers particuliers, ou encore les systèmes automatiques d'enregistrement dans l'aérogare ou par internet,
Elles sont en première ligne vis-à-vis du passager et on peut parfois leur reprocher des problèmes qui ne sont pas de leur responsabilité...
Elles interagissent avec tous les autres acteurs, de l'aéroport jusqu'au prestataires service de la navigation aériennes, en passant par le constructeur, et les autorités.
Bref, elles sont au centre du système !
Les prestataires de services de la navigation aérienne
A partir du moment où l'avion sort de son parking à l'aéroport de départ, jusqu'au moment où il s'arrête au parking à l'arrivée, il est en contact avec les services de la navigation aérienne. Nous y reviendrons plus en détails plus tard mais ces services sont là pour accompagner l'avion tout au long de son vol, afin, par exemple :
de lui donner des informations (météo, etc.), et
d'éviter toute collision.
Les moyens de radionavigation
En aéronautique (c'est bien entendu inspiré du nautisme), la navigation est la discipline qui permet de repérer sa position géographique et identifier la direction à suivre pour atteindre la destination souhaitée.
Alors, j'ai une question pour vous... Quand on se déplace en voiture, nous savons que nous devons suivre la route et les panneaux pour "naviguer". Par contre, quand on vole... où est la route ? Comment l'avion peut-il savoir où il est et dans quelle direction il doit aller ?
Comme il n'est pas possible de déposer du goudron dans l'atmosphère (et heureusement !), le système du transport aérien a dû s'adapter.
Au tout début, les pilotes se repéraient comme en bateau (il n'y a pas non plus de route sur l'eau...) avec la position du soleil dans le ciel pendant le jour (ou des étoiles pendant la nuit) ou en ne volant pas trop haut de sorte qu'ils pouvaient bien voir le sol, ce qui leur permettait de repérer des points particuliers et de naviguer de l'un à l'autre jusqu'à destination (cette dernière méthode peut encore être utilisée aujourd'hui par les pilotes d'avions de tourisme, c'est ce que l'on appelle le vol à vue).
Au cours du temps, comme les avions volaient de plus en plus haut et de plus en plus vite, qu'il y en avait de plus en plus et que les technologies se développaient, des moyens radio-électriques (pour résumer, on peut dire des antennes...) ont été déployés, permettant aux pilotes (grâce à des systèmes installés à bord) de se repérer dans l'atmosphère. En effet, il était alors possible de connaître la distance entre l'avion et l'antenne (on parle d'antenne DME), ou le cap à suivre pour voler en direction de cette antenne (que l'on appelle VOR). Bref, ces nouveaux moyens de radionavigation permettaient de tracer des routes invisibles dans le ciel. Aux abords des aéroports, des moyens particuliers ont été mis en place, permettant de "matérialiser" une trajectoire plus précise menant jusqu'au seuil de piste.
Si aujourd'hui, ces moyens sont encore utilisés, c'est la navigation par satellite qui se développe de plus en plus.
Les centres de maintenance
Comme pour les autres véhicules, l'avion a besoin d'être entretenu : c'est que l'on appelle la maintenance de l'avion. La qualité et le respect des instructions de maintenance définies par le constructeur aéronautique est cruciale pour la sécurité du transport aérien.
Ce sont parfois les compagnies aériennes qui s'occupent directement de la maintenance de leurs avions, mais il existe aussi des entreprises spécialisées, les centres de maintenance, vers lesquelles les compagnies aériennes peuvent se tourner.
Il ne faut pas minimiser l'importance et la complexité de cette activité. En effet, il y a, pour un avion de transport, un très grand nombre de tâches à réaliser à des moments bien spécifiques de la vie de l'avion. Cette maintenance planifiée peut paraître simple quand il n'y a qu'un avion. Cependant, quand il y en a plusieurs dizaines (voire centaines), avec des programmes de maintenance similaires ou spécifiques, la gestion globale de l'activité peut devenir très difficile. En outre, il y a parfois des pannes et donc des besoins de maintenance non programmée qui viennent ajouter à la complexité générale.
Enfin, il faut garder à l'esprit que lorsqu'un avion entre en maintenance, il est temporairement inapte au vol. Une étape extrêmement importante est la décision de remise en service qui permet à la compagnie d'utiliser à nouveau son avion mais aussi d'assurer que l'avion est à nouveau apte au vol et donc que le niveau de sécurité est rétabli.
Les constructeurs aéronautiques
Ce sont eux qui conçoivent, certifient, produisent et vendent les avions.
Pour ce faire, ils sont bien entendu très souvent en contact avec leurs clients, les compagnies aériennes, afin d'identifier leurs besoins et y répondre au mieux. Ils doivent aussi faire attention à concevoir des avions bien adaptés aux diverses et nombreuses contraintes du système du transport aérien.
Mais leur rôle ne s'arrête pas là. En effet, les constructeurs doivent être en mesure d'apporter un soutien technique aux compagnies aériennes pendant toute la vie de l'avion.
Exemple : « Auriez-vous un exemple concret parce qu'on est un peu perdu ! »
L'A320 a été conçu et certifié dans les années 80, et il est utilisé depuis par les compagnies aériennes. Un A320 peut être exploité pendant 20 ans environ, ce qui signifie que ceux qui ont été livrés en 2010, seront utilisés au moins jusqu'en 2030. Les personnes ayant participé à la conception ne travailleront certainement plus à ce moment là. Cependant, si en 2029, une compagnie a besoin d'un support technique, Airbus devra être en mesure de le fournir. Sinon, il faudra simplement arrêter d'utiliser cet avion !
Les autorités de l'aviation civile
Nécessité d'interaction entre tous ces acteurs
Afin de viser un très haut niveau de sécurité et compte tenu de la complexité du système du transport aérien et de sa dimension mondiale et internationale, il est apparu très tôt la nécessité d'établir des normes et des principes communs et reconnus par un grand nombre de pays. Ce besoin commençait à prendre forme dans les années 1930 mais c'est après 1945 qu'il s'est concrétisé par la rédaction d'une convention internationale (celle de Chicago) et par l'établissement d'une organisation internationale de l'aviation civile, l'OACI, basée à Montréal au Canada.
Des autorités nationales se sont aussi développées dans les différents pays, dont l'objectif est de viser au respect de la convention de Chicago en établissant des réglementations techniques et opérationnelles, en les faisant évoluer et en contrôlant leur application et leur respect.
Parmi les principales, nous pouvons citer par exemple :
l'EASA (European Aviation Safety Agency), basée à Cologne, en Allemagne, pour l'Europe,
la FAA (Federal Aviation Administration) pour les États-Unis d'Amérique,
la CAAC (Civil Aviation Authority of China) pour la Chine.
Les règlements techniques couvrent l'ensemble des activités liées au transport aérien, des aéroports aux compagnies aériennes en passant par les constructeurs aéronautiques, les prestataires de la navigation aérienne ou encore les centres de maintenance ou les moyens de radionavigation...
Nécessité d'interaction entre tous ces acteurs
Attention : « Que se passe-t-il si l'interaction entre les différents acteurs n'est pas bien anticipée ? »
dysfonctionnement du système du transport aérien (des passagers ne peuvent pas être transportés du point de départ à celui de destination dans les temps : retard ou annulation de vol) avec des conséquences économiques potentiellement importantes.
accidents ce qui pose la question de la sécurité.
Exemple : 2 exemples pouvant illustrer les conséquences envisageables de dysfonctionnements
Ici, la vidéo d'un A380 impactant un CRJ700 à l'aéroport JFK à New York (Youtube, 35s) : https://youtu.be/ayCWSm1f9qk
Dans autre exemple (source « The Aviation Herald » - en anglais : http://avherald.com/h?article=46d6e18c) , ce n'est pas l'aéroport qui n'est pas adapté à l'avion mais une erreur du pilote qui n'a pas suivi le taxiway pour diverses raisons décrites dans le rapport présenté (en particulier des problèmes d'éclairage). Cependant, les conséquences sont similaires à celles que l'on pourrait théoriquement avoir si les taxiways et les aires de dégagements autour n'étaient pas adaptés aux avions que l'aéroport souhaitent accueillir.
Je vous invite à observer les images présentées à la fin du rapport. Vous y verrez les dommages causés à l'avion et au bâtiment, ainsi qu'une photo et un plan représentant la zone de l'accident.